Le SMIC horaire à 12 euros en 2026

Le salaire minimum va franchir la barre symbolique des 12 euros de l’heure au 1er janvier 2026. Annoncée vendredi 13 décembre par le ministère du Travail, cette progression de 1,18 % porte le taux horaire brut à exactement 12,02 euros. Pour un temps complet, cela représente 1 823,03 euros bruts mensuels, soit environ 1 443 euros nets. L’augmentation mensuelle atteint à peine 21 euros en brut et moins de 17 euros en net pour les 2,2 millions de salariés du secteur privé rémunérés au minimum légal.

Cette revalorisation reste inférieure aux estimations d’un comité d’experts indépendants qui tablait sur 1,4 % fin novembre. L’écart s’explique par une inflation moins élevée qu’anticipé. Celle-ci s’est limitée à 0,6 % entre novembre 2024 et novembre 2025 pour les 20 % de ménages les plus modestes, soit le critère de référence pour calculer l’évolution du SMIC. Cette augmentation s’inscrit dans le mécanisme automatique prévu par le Code du travail, qui combine l’indice des prix à la consommation hors tabac des ménages à faibles revenus et la moitié de l’évolution du salaire horaire de base des ouvriers et employés.

Un coup de pouce qui ne viendra pas

Les syndicats espéraient une intervention du gouvernement au-delà de la simple indexation mécanique. Déception générale lors de la réunion de la Commission nationale de la négociation collective. La CGT dénonce une décision qui « enlise les travailleurs dans la précarité », tandis que la CFTC regrette l’absence de geste volontariste alors que le nombre de travailleurs pauvres augmente. Le dernier coup de pouce gouvernemental remonte à juillet 2012, juste après l’élection de François Hollande.

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Les experts avaient pourtant recommandé de s’en tenir à la revalorisation automatique, invoquant le ralentissement du marché du travail et le niveau déjà élevé du SMIC par rapport au salaire médian. Ils pointent surtout le coût des exonérations de cotisations patronales sur les bas salaires. En septembre dernier, le plafond donnant droit à ces allègements a été abaissé de 3,3 à 3 fois le SMIC. Le débat sur ces dispositifs reste vif, certains accusant ce système de créer une « trappe à bas salaires » en incitant les entreprises à maintenir les rémunérations au minimum pour maximiser les exonérations.

Les oubliés de la revalorisation

Au-delà de la question du SMIC lui-même, un aspect moins visible mérite attention : celui des aides sociales locales. Pendant que les prestations nationales comme le RSA, la prime d’activité ou les allocations logement ont suivi l’inflation post-Covid, de nombreuses collectivités territoriales n’ont pas actualisé les barèmes de leurs dispositifs d’aide. Résultat : certaines familles rémunérées au SMIC ont vu leur situation se dégrader localement.

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Les aides connexes nationales et les soutiens locaux peuvent pourtant représenter jusqu’à 20 % du revenu disponible des foyers modestes avec enfants. Ces dispositifs incluent la prime de Noël, le chèque énergie, des réductions téléphoniques ou encore des aides municipales pour le logement, la scolarité et les vacances. Mais leur impact varie considérablement d’une commune à l’autre et selon la composition du foyer. Dans plusieurs villes étudiées, les familles monoparentales et les couples avec enfants ont subi une érosion de leur pouvoir d’achat réel, faute de réévaluation de ces barèmes locaux face à la hausse des prix.

Ce décalage entre prestations nationales indexées et aides territoriales gelées crée des situations paradoxales. Une famille peut voir son SMIC augmenter tout en perdant du pouvoir d’achat global si les aides communales ou départementales restent au même niveau nominal. Cette question des dispositifs locaux pourrait prendre de l’ampleur dans les débats à venir, alors que les budgets des collectivités se tendent et que les besoins des ménages modestes s’intensifient. La revalorisation du SMIC dépasse désormais l’inflation générale, mais pour certains foyers, l’équation reste défavorable quand on intègre l’ensemble des ressources disponibles.